Lorsque nos enfants naissent, à nos yeux, ils frôlent la perfection! (si si, il faut l’avouer! c’est le plus beau, jusqu’au moindre petit pli, jusqu’aux orteils!)…Ils grandissent, se forgent leur petit caractère, commencent l’école, et sans que l’on ait vu le temps passer, ils arrivent en première primaire où les choses sérieuses commencent.
Au début des apprentissages, tout semble normal, et même si quelques difficultés se font sentir, on se dit « ce n’est rien, il faut un peu plus de temps » ou même, parfois (dans le cas d’un premier enfant par exemple) on ne se rend même pas compte que quelque chose cloche…
Pour ma part, ma choupette a rencontré des difficultés de concentration dès 4-5 ans, déjà là, l’institutrice m’avait demandé un bilan (test de compétences et psychomotricité) et m’avait prévenu que les années futures allaient sûrement être compliquées. Et de fait…
Aujourd’hui elle est en 4ème primaire (9 ans), n’a pas encore redoublé de classe, mais son parcours scolaire s’apparente plus à un parcours du combattant! Après plusieurs bilans auprès d’une neuropsychologue, du centre PMS et de logopèdes, il s’avère qu’Anaëlle souffre de troubles de l’attention, de dyscalculie et de dysphasie.
Tous ces mots, lorsqu’on vous les balance dans un langage de médecin sans vraiment d’explications à l’appui, sont vraiment déroutants…. On se dit « Mais pourquoi? » ou « Qu’ai-je fait de mal pour en arriver à cela« ?
Et puis, on se documente, on étudie, on essaie de trouver des pistes pour venir en aide à son enfant, et on essaie d’avancer, malgré tout!
La dysphasie est un trouble central lié au « développement du langage oral et [elle peut] toucher les aspects réceptifs (décoder le langage reçu) et/ou expressifs (phonologiques, lexicaux, syntaxiques…) ».
Les symptômes et caractéristiques du TDA (Troubles de l’attention, source www.tdah.be)
Il s’agit d’une tendance excessive à la distraction qui se manifeste souvent de manière insidieuse, déroutante, voire sélective et occasionnelle.
Le patient rencontre des difficultés à trier et à hiérarchiser les diverses informations qui atteignent son cerveau (ce que nous faisons en permanence et de manière inconsciente).
Il a plus de mal que ses pairs à donner la priorité aux informations utiles à la tâche ou à l’activité en cours. Il a donc du mal à détourner son attention de stimuli dits « perturbateurs », qui sont le plus souvent liés à l’environnement extérieur (bruits divers, animation, mouvement, etc.), mais parfois aussi d’origine interne (émotions, pensées, idées qui fusent, etc.).
Cela se traduit notamment par des difficultés à maintenir son attention sur les activités en cours, une grande distractivité, une tendance à l’hyperfocalisation en particulier pour les tâches stimulantes et susceptibles de lui apporter une gratification immédiate, des oublis très fréquents, ainsi que du mal à suivre des instructions et des consignes dans leur intégralité, une mauvaise gestion du temps, des difficultés de planification, etc.
Après cette petite parenthèse bien théorique, concrètement, quelles sont les difficultés de ma choupette?
Et bien tout d’abord, il ne faut pas espérer capter son attention plus de 7 minutes! Après cette courte durée, elle sera là, assise avec moi pour ses devoirs, mais c’est comme si elle n’était plus là… la moindre mouche qui passe, le moindre bruit sera susceptible de l’intéresser, et c’est à la limite qu’elle ne sait même plus de quoi parle son devoir!
Ensuite, pour Anaëlle, le temps n’existe pas! hier, aujourd’hui, demain, dans 3 jours…. cela ne veut presque rien dire pour elle! Elle est incapable de situer dans le temps (et dans l’espace aussi, mais à moindre mesure)! Ce qui est vraiment un handicap pour son quotidien…
-« Dans combien de dodos c’est les vacances maman?
– » Dans trois dodos chou »
– » ohhhhhhhh non mais c’est dans longtemps, j’aurai presque 10 ans! »
– » Mais non chou, tu as 10 ans dans 8 mois »
– » oui donc c’est dans une semaine, et donc je dois attendre longtemps » ….
Des conversations compliquées, et le plus dur, c’est de ne trouver aucun moyen pour essayer de lui faire comprendre, ce sentiment d’impuissance est juste horrible!
Je ne vous parlerai même pas des calculs, des tables de multiplications, des fractions, qui pour elle sont comme des hiéroglyphes griffonnés sur une feuille…
Cette année, elle est très bien suivie à l’école, elle suit un programme d’aide qui s’appelle « L’intégration« , une madame ne vient que pour elle pendant plus de 4h semaine, à l’école, pour l’aider à sortir la tête de l’eau! et cela marche, je vois des petites améliorations au quotidien!
Toute la famille s’est mobilisée aussi pour lui venir en aide niveau scolaire, le mercredi après-midi sa tatie et son tonton s’en occupent en « cours particulier » pour lui faire comprendre certaines matières, le dimanche, avec moi, on passe toute l’après-midi à travailler (avec de très nombreuses pauses et beaucoup de patience, certes…), et parfois elle est aussi suivie par son autre tatie pour des matières plus vastes… Et je sens que ce travail rigoureux porte ses fruits, tout en l’amusant (surtout ne pas lui faire « subir » ses devoirs, plutôt voir cela comme un moment de partage)
Mais je sais aussi que ces troubles ne disparaitront jamais, ce sont des handicaps invisibles, mais qui seront toujours là, on essaiera de l’aider, de lui faciliter les tâches, mais elle ne sera jamais un enfant qui relit une leçon puis qui ferme son cartable, elle devra travailler plus que les autres pour moins, alors oui, d’une certaine façon c’est injuste!
A moi de lui montrer que ses différences peuvent être une force et non un frein à son avenir….
Maïté